Etienne et Jules (ou plutôt Antoine et Pierre !)

  • Par clopine
  • Le 08/06/2016
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Ce billet est mis en ligne ici pour contourner sournoisement la modération assoulinienne. Que ceux qui n'y comprennent que pouic passent gaillardement leur chemin, on ne leur en voudra pas !

 

aouh la polémique, Victor !

Je tape vite, j’ai donc retranscrit le billet d’Antoine Perraud sur France Cul, tout en l’écoutant. Voici :

« « tout part alors du blog de Pierre Assouline, la République des livres. Ecrivain, critique et membre de l’académie Goncourt, Monsieur Assouline, qui cloisonne en général assez bien les choses, s’adonne au conflit d’intérêts le 13 mai (cette date tient du mauvais signe, en République). Le connaisseur de la vie littéraire, sournoisement, cède le pas au juré vexé. Joseph Andras a mordu dans la main qui le primait, il mérite une fessée. La correction de Maître Assouline prend la forme d’une intrigue. Fondé sur des cancans, son billet de blog, allusif et vipérin, devient rampe de lancement de la rumeur. A partir d’une évidence, sans importance, (Joseph Andras est un pseudonyme, le domaine littéraire en regorge…), la calomnie s’insinue, comme dans le Barbier de Séville. Nous aurions affaire à une imposture, une nouvelle « ajaritude » (Emile Ajar fut le prête-nom de Romain Gary, qui roula ainsi les Goncourt en obtenant une seconde fois leur prix en 1975 pour « la Vie devant soi »).
Misère de la critique littéraire, incapable de faire entendre une voix « experte », capable de tordre le cou à une telle ineptie.
Profitons-en pour saluer ici, le dernier géant de la critique encore en vie, Jean-Pierre Richard, né en 1922, auteur de « littérature et sensations » (quel titre !), en 1954, de « poésie et profondeur », en 1955 , mais également d’ouvrages plus récents, chez verdier, dans lesquels il se penche sur des auteurs contemporains comme Marie Desplechins.

Faute d’arbitres avertis, la presse verse dans le petit sensationnel, le Monde publie ainsi, jeudi 2 juin, une prétendue enquête qui consiste à faire le tour de la rumeur pour constater, sans vraiment l’avouer, qu’il s’agit d’un tuyau crevé. Non, ce Joseph Andras ne cache pas un autre auteur tel Khamed Daoud, mais feignons d’y croire un peu, dans notre société faisandée où il faut bien vendre du papier.
Et voici que Pierre Assouline en re-gazouille une couche, sur twitter, toujours le jeudi 2 juin : « un coup de Tarnac derrière le mystère Joseph Andras ? Un collectif radical écrivant, pourrait être derrière l’auteur de « de nos frères blessés ».
Tout cela relève de la cabale des ignorants. Joseh Andras , qui ne veut rien lâcher de spontané, s’interdit de parler à la radio ou à la télévision. Chacun est en droit d’ironiser sur cette forme de constipation mentale. Pour autant, cela n’autorise personne à propager un délire sur-interprétatif. Joseph Andras, de surcroît, refuse toute conversation avec un représentant d’une presse écrite, ocultée, à ses yeux, par les capitaux. Point de vue difficilement contestable, tant des capitaines voire des chevaliers d’industrie ont fait main basse sur les journaux. Le romancier n’accepte donc que les interviews par courriels, ce qui nourrit bien des suspicions en retour.
Il se trouve que votre serviteur a parlé avec Jospeh Andras, à l’occasion d’un entretien pour Médiapart, mis en ligne mercredi 1er juin. Je fus le seul à être traité en interlocuteur, c’est-à-dire en « passeur », et non en simple boîte aux lettres. Nous nous sommes entretenus plus d’une fois au téléphone, et je peux ici affirmer, en connaissance de cause, qu’il s’agit d’une personne singulière, identifiable : Joseph Andras à l’oral est « raccord » avec le Joseph Andras à l’écrit. Alors, lisons ce qu’il a écrit de mieux jusqu’ici : « De nos frères blessés », aux éditions Acte Sud.  »

Eh ben, dites donc !

Alors là, j’ai envie de dire deux-trois trucs. Un, c’est que, lorsque j’ai lu le billet que Pierre Assouline a consacré au refus du Goncourt par Andras, je n’ai pas décelé une quelconque allusion au fait que ce serait Kamel Daoud qui aurait en réalité écrit le livre. Non. Pierre Assouline regrettait le refus du jeune homme en s’étonnant qu’un être si jeune soit si arrogant, et en relevant le mystère qui régnait sur son identité, point.

c’est dans les tweets que Pierre Assouline a commencé à faire planer un sérieux doute sur la paternité de l’ouvrage. Il a toujours employé le conditionnel, et s’il se faisait le relais d’une rumeur (il disait d’ailleurs que c’était une rumeur), on ne peut cependant lui attribuer, tout de go comme cela, la paternité de la rumeur. Après tout, de bonne foi, Pierre Assouline a pu ajouter foi à des rumeurs qu’il a entendues…

D’autant que, si Antoine Perraus a personnellement rencontré Joseph Andras, bibi j’ai personnellement, ici même, interpellé notre hôte sur la question : était-il suffisamment vexé pour vouloir du mal au jeune homme ? Certes, si la rumeur était vrai, les vertus de Joseph Andras pâlissaient rudement. M’enfin il n’empêche que le bouquin était bon, et que la « misère critique » que dénonce Perraud ne l’est pas tant que cela, miséreuse, puisque justement le livre a emporté le prix…

En fait, j’ai envie de dire à Antoine Perraud ce que j’ai dit à Pierre Assouline. A savoir que sans procès équitable et productions de preuves, tous les propos relèvent un tant soit peu de la calomnie.

Si Antoine Perraud n’a d’autres preuves que celles qu’il avance dans son billet, alors à son tour il calomnie Pierre Assouline, ou au moins il lui dénie la présomption d’innocence. Imaginons que Pierre Assouline prouve qu’il a entendu l’histoire de Tarnac au restaurant, avec tel ou tel, et qu’il ait simplement décidé de la relayer, en toute bonne foi. L’accusation de Perraud, à savoir que c’est SCIEMMENT qu’Assouline fait courir les bruits, pour se « réparer », tombe…

Sans compter que bibi, je lui ai carrément posé la question, et qu’il m’a calmement répondu que non, il n’était pas vexé…

Bref.

Et qui nous dit qu’Antoine Perraud n’est pas berné à son tour ? Le voici si flatté d’avoir été le seul interlocuteur autorisé par Andras qu’il ne peut même soupçonner ce dernier de perdurer dans son attitude mystérieuse… Parce qu’en fait, il y aurait bien un loup…

Bon, alors je me répète. Tant qu’on n’aura pas étayé les dires de l’un, ou de l’autre, par des preuves, tout restera incertain. Mais je maintiens que les tweets assouliniens étaient rédigés au conditionnel et avec points d’interrogations, alors que les accusations pernaudiennes sont à l’indicatif.

Par contre, là où les deux hommes sont carrément à l ‘opposé, et chic ! C’est quelque chose de facilement vérifiable, c’est sur la posture d’Andras face aux médias. Assouline nous a dit qu’ayant beau avoir refusé le prix, l’auteur ne s’en répandait pas moins dans les médias. Perraus affirme précisément l’inverse ! Là, nous pourrions vérifier nous-mêmes, non ?

Bon je vous laisse, je suis un peu amusée par toute cette affaire, assez découragée par l’aplomb des uns et des autres, et je m’en vais finir par l’acheter, moi, ce bouquin si ça continue. Comme ça je m’en ferais la critique à ma propre aune, en laissant les remugles du marigot à nos deux représentants…

Et ça me fait penser à Etienne et Jules, du si regretté Roger Riffard. Vous connaissez ?

 

Un jour, mon pote Etienne
Me dit sans préambule
Il faut que j' t'entretienne
De notre copain Jules

Certes, reprit Etienne
J'éprouve un grand scrupule
Et même de la gêne
A parler mal de Jules

Le diable, ajoute Etienne,
Me change en libellule
Si j'ai la moindre haine
Contre notre ami Jules

Mais voilà, fit Etienne,
Le secret qui me brûle
Prends-en bien de la graine
Et méfie-toi de Jules

Et d' la bouche d'Etienne
J'appris quelle crapule
Rôdait comme une hyène
Dans le cœur noir de Jules

Mais v'là que je trouve Jules
Place de la Madeleine
Trois jours après que j'eus le
Plaisir d'entendre Etienne

Du coup, j'apprends par Jules
Autant qu'il m'en souvienne
Quel vilain bruit circule
Sur le compte d'Etienne

Depuis lors, je stipule
Qu'on distingue avec peine
Le contenu d'un Jules
De celui d'un Etienne
Le contenu d'un Jules
De celui d'un Etienne

 

(remplacer Jules par Antoine, et Etienne par Pierre !) http://www.deezer.com/search/des%20jules%20et%20des%20%C3%A9tienne

 

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