La haine aux champs, extriper la racine...

  • Par clopine
  • Le 17/05/2017
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Comment le mot d'ordre "on est chez nous" peut-il avoir un tel écho dans mon village, où l'on ne compte ni immigrés, ni réfugiés, ni djeunes, ni rien qui dépasse des champs ?

Pourquoi ne pas se sentir "chez soi" ?

La réponse est évidemmennt multiple, mais elle se base surtout, à mon sens, sur le ressentiment. Les agriculteurs, depuis 50 ans, ne sont plus vraiment "maîtres chez eux", puisqu'économiquement ils sont tenus de respecter les engagements de la PAC, contre pognon. Et ces engagements ont tant fluctué, un coup y'a des quotas l'autre coup y'en a plus, un coup vas-y sur le maïs mon gars un autre ah bé non c'est l'colza qu'je préfère, et tutti quanti. Et puis surtout : ce sont des gens à qui on a menti, et qui ne peuvent, sans se renier eux-mêmes, dénoncer le mensonge...

Ca devait être si beau, dans un lycée agricole de la fin des années soixante, l'enseignement : le paysan devenait entrepreneur, il exploitait une société promise à la rentabilité, il aurait lui aussi la retraite et les congés payés, et, du haut de ses engins formidables et puissants, il pourrait regarder d'en haut le petit fonctionnaire, haî car ayant la "paie qui tombe", et l'ouvrier soumis aux cadences...

Ca a foiré lamentablement. A peu près tout ce qui s'est dit s'est révélé mensonger et mortifère. Pire encore : l'agriculteur est désormais pointé du doigt. Surveillé par les "autres" - les catégories sociales qui vivent elles aussi aux champs et sont désormais partie intégrante de la ruralité, et qui réclament, elles aussi, leur droit à contrôler leur environnement... - interpellé et pas loin d'être accusé officiellement...

Pollueur, égoïste, trompé par ses instances agricoles, le fiasco est en plus économique et sociétal. L'agriculture intensive devait nourrir le monde, éradiquer la famine, prospérer et être le fer de lance d'une mondialisation harmonieuse. Or, certes, les chinois aiment le lait français... Mais ils souhaitent aussi acquérir la terre, achètent des hectares, et toute la belle organisation, de la FNSEA aux SAFER en passant par Messieurs les Sénateurs, se révèle impuissante devant ces sortes d'OPA sur le sol "national"... quant à la vertu... Qui l'incarne moins que l'éleveur bovin, en ces temps où  l'avenir de l'humanité se dessine végétarien ?

L'enfer est pavé de bonnes intentions, certes, mais ça ne l'empêche pas de sentir considérablement mauvais, la chair grillée précisément.

(mais évidemment, il vaut mieux s'interroger sans fin sur l'intronisation d'un Macron, et le gouvernement futur ici, et la tenue de Madame Macron là... Clopinou, ouvrant un oeil déjà désabusé sur l'écran de la télé, demande doucement "et au fait, on en parle quand du capitalisme ?" )

 

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