Le plus terrible, c'est de savoir, et de ne pas savoir...

  • Par clopine
  • Le 16/07/2016
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Savoir que cela va recommencer, bien sûr. Mais le pire, c'est de ne pas savoir où, et comment. On sait juste que cela va continuer. Ici, là, ailleurs. Mais où ? Mais comment ? 

 

Certains anglais, m'a dit mon pote Peter,  croient naïvement que leur sortie de l'Europe va les préserver du terrorisme de Daech. Raisonnement de rats quittant le navire, sans savoir jusqu'où ils devront nager, et combien de temps, avant de se noyer.

D'autres croient tout aussi naïvement que c'est l'humanisme, ou les idéaux de la renaissance, ou les révolutions du 20è siècle, ou la perte du sentiment religieux en occident, ou l'héritage du colonialisme, ou la conséquence du consumérisme capitaliste,  ou la mondialisation ou l'influence de Jupiter dans la constellation du Verseau, ou la déliquescence des partis politiques représentatifs, ou les moeurs dissolues des "représentants" des peuples, ou les manipulations des agences mondiales de financiarisation des 5 % de privilégiés possédant des gros tas d'actions, ou les objurgations commandées mais non respectées d' un prophète qui se baladait avec un petit nuage sur la tête pour l'empêcher d'attraper des coups de soleil, ou ou ou, qui sont les responsables de la violence suicidaire qui est la marque d'une guerre déclarée au nom d'un Dieu qui se prochame synonyme d'amour.

Moi, je veux bien, j'avoue mon ignorance  : j'ai déjà parlé de la peur qui, quand elle s'installe, ne peut plus jamais s'en aller d'un seul coup, d'un seul bloc, mais qui peut seulement s'effriter, de ci, de là, un rire d'enfant fait déjà tomber un petit morceau du mur de terreur, un sourire perce un trou qui permettra qu'on aille jeter un oeil de l'autre côté, un voile ôtée par une jeune femme qui, d'un coup d'un seul, refuse de se laisser objectiver fait tomber au moins trois briques, et pendant que les soldats jetteront, comme au temps de Jeanne d'Arc, des échelles où grimper pour tenter d'assaillir le mur, d'autres, ceux qui tentent de penser le monde et de nous l'expliquer, commenceront, plus intelligemment, à creuser par-dessous le mur, à trouver les bases infectes d'où il est construit, à tenter de convaincre d'effectuer les travaux nécessaires... Tout ça peut effriter ma peur, mais ne la fera plus jamais disparaître, d'autant que tous ceux qui ont encore plus peur que moi, au point de venir affronter ici  une possibilité de mort et un avenir incertain plutôt que de périr sous les feux de la haine de là-bas , me regardent tous les soirs, dans les images qui nous proviennent du monde - si je pouvais les rassurer, je me rassurerai moi aussi, mais non, on ne peut qu'effriter, petit bout par petit bout, demander à ceux-ci d'arrêter leurs discours de haine, à ceux-là d'acquérir de l'empathie, à tous, enfin, de continer d'affirmer, d'asséner, d'écrire, de proclamer, de hurler et de murmurer que nous sommes tous semblables, tous ensemble humains... Et seule notre envie de la définir, cette humanité, nous différencie. La mienne est naïve, inefficace, partielle et égoïste : car dans la mienne, le mur de la peur ne s'effrite plus, il ne peut même plus être reconstruit,  il est définitivement remplacé par un jardin dont nous serions tous les jardiniers. C'est vous dire si ma vision du monde a de quoi faire flipper ceux qui, demain, ou ce soir, ici, ou ailleurs, vont continuer à vouloir me, nous, vous, ils, elles, à vouloir tuer.

 

 

 

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