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L' excitation de la bougeotte

Ca se passe comme ça d'habitude : la kangoo (avant et pendant longtemps, jaune PTT, désormais bleu glacé) est pile devant la porte, Clopin et moi nous agitons là autour, déplaçant les sacs et posant le pique-nique à portée de mains, le chien, alllongé sur le carrelage de la cuisine, nous regardant de loin et d'un air lugubre (il sait que, sauf exceptions, il restera là, et prend toute l'agitation nocturne pour un abandon caractérisé - il est à deux pattes d'écrire à la SPA,  et même s'il sait parfaitement que tout est prévu pour lui, il estime qu'on aurait pu  mettre en place  une cellule psychologique, ou au moins une psychothérapie décennale).

Et puis c'est le départ en pleine nuit. 

Longtemps, le dernier acte était d'aller chercher le Clopinou dans sa chambre, de le descendre  enveloppé dans la couette, de le déposer à l'arrière de la voiture avec son oreiller, tel un petit papoose parti sur la piste des bisons. Certes, il ne s'agissait plus ici, que de rejoindre l'autoroute, et les bisons ont des doubles pneus , des feux à l'arrière et la mention "TIR" apposée sur la porte salie.

Mais nous sommes des humains, et  quoi de plus humain que l'excitation de la bougeotte, quelles qu'en soient les conditions ? Pendant longtemps, j'ai appréhendé, pour le fiston, l'inconfort de ces départs. "Tu rigoles", m'a-t-il répondu récemment, "c'était le meilleur : j'adorais ça. Etre porté dans l'escalier, rester dans la couette, savoir qu'on partait, garder les yeux fermés et les ouvrir juste comme ça, très vite :  pourquoi croyais-tu que je faisais semblant de dormir ?"

J'aurais pu m'en douter...

 

Comme tous les ans à pareille époque, le départ se fait, pour ces vacances-ci, sans moi :  je reste avec le chien (!)  - je ne skie pas, et il n'est pas désagréable de rester seule, lorsqu'on sait que cette solitude a un terme.

Il ya quelques années, j'aspirais même à cette rupture - le boulot, plus le quotidien, les repas et la maison, c'était lourd, et d'un coup je me retrouvais légère. J'ai beaucup moins besoin de cette halte désormais, je l'appréhende même un peu - des fois que je ne me  joue des tours  et ne découvre, à force d'introspections et de vagabondage mental, une Clopine douloureuse, seule en face d'elle-même.

Un peu comme le chien, quoi.

 

avant,

 

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