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Ti'Punch, chien à câlins - 8/6/07

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  • Le 26/12/2015
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  • Dans Mes textes

Bon. Il faut se rendre à l’évidence : nous n’aurons jamais de chien de ferme, comme on l’entend par ici, c’est-à-dire soit la pauvre créature hargneuse, s’étranglant à aboyer au bout d’une chaîne dès que quelqu’un pénètre dans la cour, soit, en version plus aimable mais faut pas s’y fier de trop près, en version « près de son maître », chien ne quittant pas d’une semelle le patron et n’accordant qu’une vague indifférence  au reste du monde.

Quant à avoir un chien à  moutons, il faut y renoncer aussi. Julot, notre aristocratique border-colley, avait beau descendre directement des premiers prédateurs, les loups donc, il ne faisait que fixer ses yeux jaunes sur les moutons, plein d’appréhension, et semblait à jamais incapable de les affronter. Ti’Punch, notre nouveau chien, un croisé border-labrador, développe certes un peu plus d’agressivité (grâce à moi, qui ai voulu l’habituer tout petit pour éviter l’échec julotien) . Mais à y regarder de plus près, il s’agit surtout, pour lui, de courir à fond de train, de tourner autour du troupeau en battant de la queue, de croire que si les moutons se mettent eux aussi à courir c’est juste pour jouer avec lui, de provoquer la brebis en charge du maintien de l’ordre et de revenir, quand cela lui chante, avec la langue rose et pendante de deux bons tiers, l’air étonné : « Comment ça vous m’appelez depuis un quart d’heure ? Comment ça je ne dois pas faire courir les bêtes ? Mais je n’ai rien compris, moi.. De toute manière je ne peux pas penser à tout et être partout, parce que je n’ai que quatre pattes.. »

 

Bref, oublions.

N’empêche que Ti’Punch, comme Julot avant lui, est un grand chien qu’il convient de nourrir correctement. Mais là où Julot, sans un mot plus haut que l’autre, acceptait de bon cœur toutes les soupes qu’on lui servait, même celles où les nouilles à chien prévalaient sur les morceaux de viande, eh bien notre Ti’Punch, lui, chipote et fait souvent sa sucrée. Parfois, le matin, il rechigne à prendre le petit beurre que lui tend le gamin, ou bien, il le prend certes, mais si doucement, avec un tel regard en coin, qu’on comprend parfaitement que c’est bien pour nous faire plaisir…Oui, semble-t-il nous dire, la bouffe c’est une valeur  mais enfin il n’y a pas que ça dans la vie…Et puis c’est gentil, mais ce n’est pas une conversation …

Au début nous étions un peu inquiets : après avoir eu en Julot le chien de berger le plus peureux devant les moutons de tout l’ouest, avions-nous choisi un chien anorexique ? Ce serait bien notre veine, ça. Et nous palpions ses côtes, avec appréhension, n’était-il pas trop maigre ? Nous lui sélectionnions les morceaux de viande, et nous nous grattions la tête, perplexes, devant la gamelle d’où tous les bons morceaux avaient été délicatement retirés du bout des babines, et où ne restaient plus que les nouilles, absolument intactes…Le vétérinaire, un homme raisonnable, mit fin à notre perplexité, au hasard d’une visite. Il caressa le chien, le posa sur la balance et, se retournant vers nos mines inquiètes, déclara d’une voix forte que ce chien avait un poids idéal et qu’il mangeait à sa convenance, et selon ses besoins, et que s’il ne mangeait pas de nouilles, c’est qu’il n’aimait pas ça et qu’"on" lui laissait le choix, - ce qui démontrait une fois de plus la faiblesse coupable des propriétaires de chien, n’est-ce pas (et avec leurs mioches c’est tout pareil ! ) . . Dieu ayant parlé, le monde continua donc de tourner.

Cependant, cependant, Ti’Punch, surnommé Poids Idéal, ou encore Ponchon ou enfin

La Grosse Louve

, n’est quand même pas un fou de la gamelle. S’il ne mange pas, s’ il n’a rien compris à l’élevage des moutons, s’il n’aboie pas pour donner l’alerte, à quoi donc ce chien sert-il , je vous le demande un peu ?

Vous l’avez deviné : c’est juste un chien à câlins. Dès qu’il voit une silhouette se dessiner au plus loin du jardin c’est plus fort que  lui : il se précipite, frétille de tout son corps, ouvre grand des yeux pleins d’amour et avance une tête quémandeuse. Il peut, sur simple injonction, se coucher sur le dos et offrir le ventre, le cou et tout l’attirail qui fait de lui, sans contrefaçon, un garçon. Il n’a aucune peur des êtres humains, au contraire, il peut rester des heures transi d’amour. Et parfois, quand la main et la voix s’accordent pour le caresser, il ferme à demi les yeux, s’immobilise, pousse un long soupir et émet deux petits « schlips » de la langue, en signe de nirvana absolu…

Et ce pour tout le monde, n’est-ce pas. Du facteur au voisin, de nous, ses maîtres officiels, aux petites filles en visite, Ti’Punch ne cherche, ne vibre, ne vit que par les câlins…

Il faut bien qu’on se résigne, voyez-vous, à  posséder, et sans rien faire pour cela, les chiens les plus gentils du monde…

 

 

 

Clopine, qui vous avoue pourtant tout bas que parfois, il lui fait un tout petit peu honte, quoi...

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