Je dis ça, je dis rien....
- Par clopine
- Le 06/08/2016
- Commentaires (4)
- Dans Mes textes
Bon, ben j'en ai ras l'bol d'entendre comparer les jihadistes suicidaires qui viennent jusque dans nos bras (recouverts d'ambre solaire indice 50) égorger nos fils et nos compagnes, de "fous" ou de "nazis islamistes".
Ils ne sont pas fous : cf. l'excellent article dans Charlie Hebdo de cette semaine, qui revient sur la définition exacte de l'acte criminel exécuté par soumission à l'autorité... Il y a une logique dans Daech, faudrait peut-être arriver à l'admettre...
Et quant au qualificatif de "nazis", qui certes déniaient l'humanité à leurs cibles (ce qui est bien commode quand il s'agit de génocider à tour de bras), mais qui ne se mettaient pas eux-même directement en cause, je trouve qu'il est impropre : je préfèrerais comparer les jihadistes aux kamikazes japonais de la seconde guerre mondiale.
Vous me direz que le kamikaze avait plutôt tendance à faire péter la gueule aux marins d'un porte-avions, aux soldats d'un camp militaire, bref, à des personnes militarisées plutôt qu'à n'importe quel pékin occidental (je dis "pékin" pour faire ressortir le côté nippon du kamikaze, bien entendu).
Certes, mais Hiro-Hito "en avait sous la pédale", question identité nationale, valorisation des valeurs guerrières, arsenal militaire, base terrestre solide, empire dûment constaté, croyances divines et obéissance aveugle. Daech n'en est encore qu'à ses débuts, alors il fait un peu dans l'amateur, encore. Mais vous verrez qu'après quinze ans de "vrai" état islamique, le "vrai" jihadiste sera certes récompensé d'avoir égorgé un cureton, une rédaction de journalistes, des passants qui passent, des voyageurs déjà pris en otage par les grévistes dans une gare ou des amateurs de (mauvaise, m'enfin bon) musique mais on chipotera "oui, c'est bien, m'enfin, peut mieux faire" : se faire péter la gueule en faisant exploser une centrale nucléaire, par exemple, voilà ce qui se rapprochera le plus le jihadiste contemporain du bon vieux kamikaze...
Une fois avoir pensé à tout ça je m'en suis allée faire un tour sur wikipédia, histoire de me renseigner. 17 000... Il y avait 17 000 bonshommes qui étaient engagés, dans l'armée japonaise, dans des unités kamikazes, c'est-à-dire ayant accepté l'idée du suicide, pendant la dernière guerre mondiale
Sur ces 17 000, 5 000 ont été "vraiment" kamikazes, c'est-à-dire, avec plus ou moins de réussite, se sont vraiment suicidés en causant la mort de l'ennemi.
5 000.
Si on se dit, que, grosso modo, daech arrivera un jour à recruter via le pôle emploi de là-bas la même proportion de gars, et que seule une petite vingtaine d'entre eux sont venus s'égailler ici dans le but volontaire de se buter (certes, ils sont arrivés à faire annuler la braderie de Lille, ce porte-avions de la civilisation occidentale, m'enfin on peut toujours faire mieux les gars, il reste du boulot, allez, hop, hop, hop), ça nous en laisserait 4 480 à se coltiner...
je dis ça, je dis rien.
Commentaires (4)
- 1. | 29/08/2016
- 2. | 10/08/2016
- 3. | 07/08/2016
je crois que vous méprenez sur les motivations des Kamikaze japonais.
pour la plupart c'étaient des gamins qui ne demandaient qu'à vivre ,qu'on envoyait au casse-pipe pour l'honneur de leurs généraux et qui acceptaient cette mission
la mort dans l'âme par esprit de discipline.
j'a fait la connaissance dans le bistrot où j'ai mes habitudes matinales d'une enseignante de japonais qui avait pour projet la traduction d'une nouvelle dont elle m'a parlé. Le texte raconte la dernière soirée dans sa famille d'un kamikaze qui part le lendemain pour cette mission suicidaire et tourne autour de la douleur et de la rage muettes de ce garçon qui se sent sacrifié à une cause absurde
- 4. | 06/08/2016
(commentaire encore plus court que le Haïku d'hier!)
J'aime beaucoup le Japon, parce qu'il offre l'exemple, encore plus que la Chine, d'une culture qui s'est développée totalement à l'écart du chaudron monothéiste méditerranéen et nous a rattrapé en un éclair dès qu'il a eu accès à nos techniques. Lisez "Le Dit du Genji", formidable roman écrit par une femme autour de l'an Mille (oui, femme, an mille)...
Quant aux kamikases, je m'en tiens à l'analyse traditionnelle: c'était des soldats qui agissaient dans le cadre d'une guerre et visaient des objectifs militaires. Leur discipline était absolue, mais ce n'est qu'une question de degré par rapport à la discipline qui s'impose à toutes les armées en temps de guerre.
Bàv,
gontrand