Reconnue ?

Comme les pélerins du Moyen-Age, les cinéastes,  pour arriver à leurs fins, ont "besoin de trois sacs : un sac de patience, un sac d'argent et un sac de foi".

L'expression m'a faite sourire : lors de la première sortie  de notre dernier documentaire à Neufchâtel-en-Bray, un participant du film, vers qui je m'avançais dans le hall d'entrée pour le saluer, a cherché à me "qualifier" pour expliquer qui j'étais,  à sa compagne. "Et voici Clopine", a-t-il dit, "qui, pour le film, a... porté les sacs.." J'en ai sursauté,  et  du coup, le participant en question s'est trouvé aussi déconfit que Bacri dans "le goût des autres", gaffant lourdement (et sans s'en rendre vraiment compte) sur les homosexuels...

Quand je raconte cette anecdote, Clopin me rétorque qu'il s'agissait probablement d'une sorte de tentative d'humour... Je n'y crois guère. D'autres me disent "ah oui, mais c'est parce que tu dois avoir des problèmes de reconnaissance".

Peut-être est-ce vrai - mes problématiques caractérielles sont effectivement emmêlées dans des écheveaux si complexes qu'on m'attribue aussi, souvent, une "personnalité clivante", manière élégante de dire que je suscite, sinon du rejet, du moins une sacrée dose de méfiance ("Qui c'est celle-là ?").

Mais peut-être aussi n'est-ce pas moi qui ai des "problèmes de reconnaissance". Peut-être, et même sûrement, est-ce que le chemin qui reste à parcourir, dans les inconscients masculins, pour dépasser les préjugés et attribuer à une femme un autre rôle que subalterne est encore diablement long. Peut-être, et même sûrement, n'aurons-nous enfin conquis l'égalité que lorsque nous serons toutes, et sans erreur, "reconnues" non pour ce que nous paraissons, mais pour ce que nous faisons ?

En attendant, soupir ! Me voici repartie dans une aventure cinématographique, et  s'il s'agit de patience, d'argent et de foi, là, oui, je le "reconnais", je porte les sacs !!!

 

 

 

 

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