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Traduire la trahison ?

  • Par clopine
  • Le 07/07/2016
  • Commentaires (1)

Le proverbe est formel : traduttore, traditore. 

 

Traduire, c'est trahir.

 

Je n'avais jamais réfléchi que la proposition pouvait s'inverser, ni de quelle manière on pouvait traverser cette épreuve. Les trahisons que j'ai pu ressentir (vraies ou fausses, là n'est pas la question) venaient toutes d'un étonnement profond : je ne m'y suis jamais "attendue". Elles m'ont toujours été assénées par surprise, dans une sorte d'effroi devant le gouffre qu'on ne voyait pas. L'ours tombant dans la fosse, qu'il ignorait être là, et qui en plus, si ça se trouve, n'avait même pas été creusée pour lui !

 

Les petits mensonges, les humiliations bénignes, l'oubli de ce que telle attitude allait bien pouvoir signifier pour moi, toutes ces trahisons si quotidiennes qu'elles en deviennent, sinon attendues, du moins sans aucune surprise,  me semblaient, et c'est sans doute là qu'elles germaient, c'était sur cet humus qu'elles pouvaient croître, être "de ma faute".

C'était ma faute si mes attentes étaient déçues. Ma faute (et ce que ce connard de  Reich appelait "la peste émotionnelle", concept bien pratique pour faire croire à l'égalité de l'attirance que tel ou tel individu peut provoquer) si je souffrais de silences, là où j'aurais tant aimé des paroles bienveillantes. Ma faute si j'étais laide, et donc si l'on me faisait un grand honneur en me distinguant "malgré"...

 

Ce "malgré" a en quelque sorte anihilé les sentiments de trahison que j'aurais dû, et que j'ai parfois, en toute légitimité sentimentale, ressentir... Bah, il est trop tard pour que je m'en plaigne, mais néanmoins, la question me tarabuste : traduire, c'est trahir...

 

Mais trahir, c'est traduire QUOI, exactement ? 

 

Le mépris ?

 

L'indifférence ?

 

Le cynisme ?

Je crois bien qu'il me faudrait encore quelques jours de réclusion, seule avec le miroir des blesssures narcissiques reconnues ou enfouies, enfouies comme on enfouit les saletés sour un tapis, pour concevoir une réponse qui me permette de ne pas avoir envie de m'enfuir, à toutes jambes, des sables mouvants du manque de confiance, dévorant mon être pour ne laisser que la  pitoyable image d'une âme  trahie, sans avoir jamais été traduite.

 

 

 

 

Commentaires (1)

Lavande
  • 1. Lavande | 07/07/2016
Juste une petite bise, Clopine, pour vous réconforter.

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